Lorsque mon amie espagnole Maria m’a invitée à participer à sa célébration du Día de los Muertos, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. Elle m’a dit de venir avec une photo de quelqu’un que j’avais perdu — un être cher dont je voulais garder la mémoire vivante. J’ai choisi une photo de mon beau-frère, décédé il y a dix ans à la suite d’une réaction allergique soudaine à une piqûre de guêpe.
Poser sa photo sur l’autel — entourée de bougies, de soucis et d’offrandes — m’a semblé étrange, car je ne l’avais jamais fait auparavant. Cela faisait aussi remonter en moi ce tabou de parler des personnes décédées sans malaise. Mais il y avait là des amis qui l’avaient connu, et dès qu’ils ont vu son visage, les histoires ont commencé à jaillir. Les rires se sont mêlés aux larmes discrètes, et, l’espace d’un instant, j’ai vraiment senti qu’il était présent.
Maria m’a expliqué que Día de los Muertos — « le Jour des Morts » — est l’un des jours les plus joyeux de l’année pour sa famille. « C’est un jour pour se souvenir et honorer nos proches qui nous ont quittés », m’a-t-elle dit. « Les souvenirs, les histoires, l’amour qu’ils nous ont laissé. Le Día de los Muertos, c’est vraiment un jour pour célébrer la vie — et la mort en fait incontestablement partie. Tes grands-parents, tes amis partis trop tôt, peut-être que tu penses à eux au quotidien, mais ce jour-là, c’est leur jour. »
Sa famille a commencé cette tradition en 2020, lorsque son beau-père Ernesto est décédé. Cette année-là, ils ont créé leur premier autel. Même s’ils vivent aujourd’hui loin du Mexique, où la célébration fait partie de la culture depuis des siècles, ils ont continué à la garder vivante. Les amis se réunissent pour un repas familial afin d’honorer les défunts, perpétuant la tradition — surtout pour leurs enfants, qui grandissent loin de leur pays d’origine et de leurs proches.
Maria m’a raconté comment chaque membre de la famille ajoute quelque chose de personnel à l’autel : une photo, une gorgée de la tequila préférée de son beau-père, un bonbon à la menthe pour son grand-père qui en avait toujours dans ses poches, ou une tranche du Pan de muerto de sa grand-mère — un pain sucré préparé spécialement pour l’occasion, un peu comme notre gâteau des rois. L’autel est décoré de bougies et d’œillets d’Inde, car, selon la tradition aztèque, leur parfum et leur couleur guident les esprits vers la maison pour une nuit. « Et toujours plein de couleurs ! » a-t-elle ajouté. « Les fêtes mexicaines débordent de vie — et celle-ci est la plus colorée de toutes. »
En l’écoutant, j’ai réalisé à quel point le Día de los Muertos diffère des autres commémorations des morts. Contrairement à Halloween, qui trouve ses origines dans l’idée d’éloigner les esprits, cette journée consiste à les accueillir — par les histoires, les rires, les recettes et l’amour.
Il ne s’agit pas de pleurer leur absence, mais de célébrer leur présence continue.
Cet après-midi-là, j’ai repensé au deuil d’une manière nouvelle. Il ne m’a pas paru lourd ou lointain. C’était une présence calme, comme une conversation qui continue. Partager des souvenirs de mon beau-frère, entendre les autres se rappeler de lui, voir son visage parmi tant d’autres… tout cela m’a fait prendre conscience de la puissance apaisante qu’il y a à dire les noms, à rire, et à laisser la mémoire respirer à nouveau.
Dans un monde où la perte est trop souvent entourée de silence, cette tradition nous invite à ramener nos proches disparus à la lumière. Que ce soit à travers le Día de los Muertos, une prière silencieuse ou une simple photo posée sur une étagère, se souvenir reste un acte d’amour.
Nous ne cesserons peut-être jamais de ressentir leur absence, mais nous pouvons continuer à les célébrer — à raconter leurs histoires, et à laisser leur présence vivre dans nos rassemblements, dans nos cœurs, et dans nos vies de chaque jour.
Mélissa Dalais Novembre 2025
